El Camino hermenéutico de Paul Ricoeur y su inacabamiento
Jean Grondin
Le cheminement herméneutique de Paul Ricœur et le sens de
l’inachèvement
Cette
communication aimerait poser (au moins) deux questions: 1/ dans quelle mesure
peut-on voir dans le terme d’herméneutique une caractérisation de tout le
chemin de pensée de Paul Ricœur? 2/ Comment faut-il entendre l’inachèvement sur
lequel se termine le presque dernier grand ouvrage de Ricœur, La mémoire,
l’histoire et l’oubli? Peut-on même y voir une autocritique de son parcours
herméneutique?
Pour
répondre à ces questions, il faut rappeler comment Ricœur en est venu, et assez
tard, à l’herméneutique, dans le second tome de sa Philosophie de la volonté
paru en 1960 sous le titre Finitude et culpabilité. On verra que
l'herméneutique avait alors un sens assez différent de celui qu’elle prendrait
plus tard: elle devait montrer de quel droit et sous quelles conditions une philosophie pouvait s’inspirer
d’une symbolique essentiellement religieuse. Sitôt formulé, ce grand projet
herméneutique fut abandoné ou interrompu pour être « remplacé » par une
concentration sur le phénomène de l’interprétation comme tel et les différentes
manières de la pratiquer. Ricœur est alors devenu lui-même un ardent défenseur
des détours herméneutiques. Mais ce détour herméneutique aboutit-il à un terme?
Le dernier grand livre de Ricœur paru en 2000 se termine sur un aveu d’inachèvement.
Comment faut-il l’entendre?
Paul
Ricœur, La mémoire, l’histoire et l’oubli, Paris, Seuil, 2000, p. 657 :
Sous
l’histoire, la mémoire et l’oubli.
Sous la
mémoire et l’oubli, la vie.
Mais
écrire la vie est une autre histoire.
Inachèvement.
Paul Ricœur